La revue de presse
Retrouvez les articles de presse et les interviews d’Yves-Michel Langlois qui raconte l’incroyable histoire de sa famille pendant la Seconde Guerre Mondiale.
L’incroyable histoire de cette famille antiboise pendant la Seconde guerre mondiale
Yves-Michel Langlois vient de publier l’histoire de ces héros discrets qui ont composé sa famille antiboise. Des femmes et des hommes épris de liberté, n’hésitant pas à exposer leur vie pour la France.
Ancien fonctionnaire dans le Var et les Alpes-Maritimes, Yves-Michel Langlois passe désormais sa retraite à Cannes. En collaboration avec notre confrère, François Rosso, il vient de publier, aux éditions L’Harmattan, un livre intitulé tout simplement Les Langlois.
Un ouvrage dans lequel il relate la vie de neuf membres de sa famille qui, durant la Seconde guerre mondiale, ont résisté face à l’envahisseur depuis Antibes.
« Sans avoir l’ambition, surtout pas, de réécrire l’Histoire ou, plus simplement, d’y ajouter des pages bien écrites par d’autres, ce recueil de bribes de vie apporte un éclairage complémentaire aux livres officiels », écrit, dans la préface, le journaliste François Rosso.
« Il montre l’importance de l’engagement des Français au côté des agents du Special Opérations Executives, le SOE britannique. »
Dans son ouvrage, Yves-Michel Langlois évoque beaucoup cette page de la Résistance dans la cité des Remparts, dévoilant au passage quelques documents rares, peu connus du grand public.
Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir sortir ce livre?
« Au départ, le fait générateur a été le décès de ma tante Marie-Reine Langlois, dite Queen Mary. Elle m’a élevé, choyé. Je voulais uniquement raconter l’histoire de cette femme au destin unique qui fut une résistante dont on n’avait jamais parlé. Puis, petit à petit, je suis rentré dans l’aventure de cette résistance aux côtés des agents du SOE, de l’Exode de 1940 à la Libération, à travers le réseau Carte et la mission Jockey. Ma famille toute entière, habitée d’une grande ferveur patriotique, s’est dressée contre l’oppression nazie au nom de sa fidélité à la République et de son attachement à la souveraineté et à l’identité françaises. À commencer par mon père à Antibes donc. »
Que peut-on dire de cette période antiboise de votre famille?
« À cette époque, en 1941, mon père est démobilisé et se jette à corps perdu dans la Résistance. Notre famille se retranche en zone libre à Marseille, puis à Antibes au chalet Mireille, une maison située au 17, boulevard du Cap qui existe encore aujourd’hui. Jacques, c’est le prénom de mon père, entraîne sa sœur Marie-Reine dans son combat pour la liberté et, avec elle, toute la famille. Ils rentrent tous dans la clandestinité entraînant même leur mère que tout le monde appelait affectueusement Tina ou Ti’Mère. Ils vont résister à l’oppresseur à leur manière dans cette partie de France encore libre en accueillant chez eux des Britanniques débarqués de sous-marins ou de felouques dont le Seadog, avant d’être obligés d’entamer un tour de France des planques. Des lieux qui seront autant de plaques tournantes de la Résistance sur toute la région Sud-Est. »
À Antibes, certains de leurs voisins menaient le même combat?
« Oui. Au 10 de ce même boulevard du Cap, il y avait André Girard, un résistant de la première heure et fondateur du réseau Carte. Il était de la famille de l’actrice Danièle Delorme qui, à l’époque, s’appelait Gabrielle et était une jeune adolescente espiègle. Tous ces résistants se rencontraient dans la clandestinité pour aider les réseaux. Tout s’est passé à Antibes de septembre 1941 à fin 1942. Ensuite ma famille est partie se réfugier dans les Hautes-Alpes où elle a poursuivi sa mission. Mon père a d’ailleurs fini la guerre avec le grade de capitaine dans l’armée anglaise, mes deux tantes et mon oncle Michel ont, eux, fini sous-lieutenants dans l’armée française. Pierre Raynaud, dit Capitaine Alain, un autre de mes oncles par alliance, est devenu capitaine. Quatre d’entre eux ont ensuite été des espions français. C’est toute cette histoire que je raconte. À Antibes, notamment, puis ensuite dans d’autres villes, ils recevaient des officiers anglais ou canadiens. Ils les cachaient quelques jours chez eux, avant qu’ils ne repartent dans la nature. Ma tante prenait des messages et partait, à vélo, entre le chemin des Sables et le Croûton. Elle allait jusqu’à Cannes, à la villa Isabelle, rencontrer les agents britanniques qui s’y cachaient. Elle prenait d’énormes risques. Je présente dans mon livre, toutes les fausses cartes d’identité des membres de ma famille. Il y a aussi des cartes d’alimentations dont une valable seulement à Antibes. »
Dans votre livre vous évoquez aussi l’histoire de Pierre Bertone. Pourquoi?
« Pour les nouvelles générations antiboises, le nom de Pierre Bertone est associé à un collège. On connaît peu de chose sur sa vie. C’était un fils d’architecte, propriétaire d’une imposante bâtisse entourée d’un domaine immense s’étirant entre le quartier de la Croix-Rouge et le chemin des âmes-du-Purgatoire. Pierre Bertone fut remarqué et recruté en 1941 par mon père, Jacques, qui était un des piliers du réseau Buckmaster, section des Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes sous le nom de code de Claude. Buckmaster, c’était le chef de la section française des services secrets anglais. Le 14 mars 1944, Pierre Bertone sera malheureusement déporté vers un camp où il mourra. »
Vos parents étaient des agents du SOE. C’était quoi au juste, des espions?
« Non, plutôt des relais. Des agents britanniques débarquaient souvent par sous-marins. Cela a été le cas de Peter Churchill arrivé à bord du Unbroken et dont une stèle commémorative se trouve dans le quartier de l’îlette. Des résistants français comme le Dr Levy, mon père et quelques autres Antibois ont donc caché ces hommes au péril de leur vie. »
/Avez-vous envoyé votre livre au ministre des Armées?
« J’ai effectivement envoyé ce livre dans de nombreuses institutions. Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, m’a répondu après avoir lu l’ouvrage. Elle m’a fait savoir que « ce récit à la fois tragique et romanesque est un vibrant hommage au dévouement de ces femmes et de ces hommes qui ont œuvré dans l’ombre au service de la liberté et de la paix ». Cela m’a beaucoup touché. Depuis la sortie du livre, je reçois beaucoup de témoignage de sympathie et de remerciement d’avoir raconté cette histoire. »
Une Conférence d’Yves-Michel Langlois
Historien et auteur spécialiste de l’histoire de la guerre 1939 – 1945
Il vous est recommandé de vous procurer ses différents ouvrages sur ce sujet. Les membres de sa famille furent des acteurs de la plus haute importance dans le renseignements et les actions contre les forces allemandes.
Un des nôtres une nouvelle fois mis à l’honneur
Les LANGLOIS : une famille au service de la France du Second Empire à la cinquième République, Yves-Michel LANGLOIS, l’Harmattan, 2019
Contrairement à ce que laisserait supposer le titre de l’ouvrage, l’épopée de la famille Langlois se déroule majoritairement sous l’ Occupation. Toutefois, un chapitre à la fin du livre fait remonter l’engagement patriotique de cette lignée hors du commun aux ancêtres : à Yvon Salomon, l’arrière grand-père, qui s’illustra dans les combats contre les Prussiens (1867-1872) et à Louis Langlois, combattant de la Grande Guerre, décoré de la Croix de Guerre avec cinq citations et de la Médaille Militaire.
En réalité, l’engagement de la famille Langlois Salomon s’est surtout exprimé lors de la seconde Guerre Mondiale, dès le début du conflit, alors que tout semblait perdu. Ces résistants du premier jour ont pour nom Yvonne, dite Ti’Mère Courage, Aline-Juliette, Suzanne, Pierre Raynaud, Jacques, Manège, surnommée Queen Mary et Michel. Tous ont contribué par leur héroïsme et chacun à sa façon, à sauver l’honneur d’une France divisée en deux camps minoritaires : d’un côté les Vichystes, de l’autre les Résistants et au milieu, une majorité d’attentistes qui essayaient de traverser cette période sombre de l’histoire de France en évitant de s’engager.
Cependant, cette division simplificatrice cachait des divergences de vues notables à l’intérieur de ces deux groupes activistes: les Pétainistes étaient morcelés en chapelles, dont les membres provenaient d’horizons divers : royalistes, partisans d’un régime autoritaire de type franquiste, catholiques traditionnalistes, anciens socialistes et même des anciens leaders communistes comme Jacques Doriot. A l’autre extrémité de l’échiquier, les résistants pris globalement, étaient issus de courants de pensée souvent antagonistes : conservateurs, chrétiens sociaux, progressistes, ou communistes. Une distinction s’impose également entre une minorité de résistants engagés de la première heure par pur patriotisme, comme la famille Langlois Salomon, des communistes qui s’étaient accommodés de l’occupation allemande jusqu’à l’opération Barbarossa en Union soviétique, des socialistes patriotes, des israélites pour les raisons que l’on peut imaginer et…ceux de la dernière heure par opportunisme.
La plupart des actions d’éclat de ces différentes composantes ont fait l’objet de travaux de recherche approfondis depuis soixante dix ans ; mais ceux-ci se polarisent souvent sur la résistance gaulliste et celle des communistes. Il nous semble que l’action des Français qui ont œuvré au sein du SOE (Secret Operations Executive) britannique est plus rarement relatée. Or c’est justement au sein de ce service de renseignements qu’ont agi avec abnégation et efficacité les membres de la famille Langlois Salomon.
Yves-Michel Langlois, juriste et politologue, évoque la participation de sa famille à la libération de la France avec fierté et une grande émotion, ce qui est légitime lorsque l’on descend de tels parents et alliés. Plutôt que de faire de l’histoire de façon traditionnelle, l’auteur nous invite à la découverte de chacun de ces héros épiques et relate leurs exploits sans emphase inutile. A travers la biographie de chacun de ses parents proches, Yves-Michel Langlois nous fait entrer dans un monde nébuleux peuplé d’espions, avec leur bravoure et aussi leurs faiblesses, tant la période était complexe à appréhender.
Yvonne, Ti’Mère courage montra l’exemple à ses enfants en hébergeant 29 agents britanniques et canadiens dans le grand sud-est. Elle fut décorée de la Médaille de la Résistance et de la King’s Medal of Courage in the Cause of Freedom. Sa sœur cadette Aline-Juliette s’engagea en mars 1943 dans le réseau Jockey. Suzanne, l’ainée des quatre enfants Langlois multiplia les missions entre les lignes : transport de messages de documents et de postes émetteurs. Elle croisa Pierre Raynaud, autre grand résistant, militaire et haut fonctionnaire de l’Administration coloniale qu’elle épousa en 1946, avant de le suivre en Afrique. Elle fut décorée de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance. Son mari, quant à lui, également agent français au service du SOE, s’illustra au sein du réseau Jockey et mena des missions aux Indes en 1945. Parmi ses nombreuses décorations figurent la Légion d’Honneur (officier), l’Ordre National du Mérite (Commandeur), la Croix de Guerre, la Médaille Coloniale ou le Distinguished Service Order (DSO).
L’auteur, dépeint son père Jacques comme un artiste dans l’âme. Rescapé à trois reprises du peloton d’exécution, il se lancera à corps perdu avec son condisciple et ami Pierre Viansson-Ponté dans la grande aventure de la Résistance dès 1941. Adjoint de Peter Churchill au sein du réseau Carte, il fut chargé des premiers recrutements dans le sud-est. Il sera décoré de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palme, de celle de la Résistance et de la Military Cross. Après guerre, il s’envolera avec sa femme pour l’Afrique de l’Ouest où il restera cinq ans.
Marie-Reine, la tante d’Yves-Michel s’illustrera elle aussi dans ces combats de l’ombre. Agent de liaison, elle mena missions périlleuses en vélo, devint chiffreuse et fut décorée de la Légion d’honneur, comme la plupart des autres membres de la famille.
Enfin, Michel, son frère, dandy, talentueux et nonchalant opéra à Antibes, Avignon, Marseille intégra le réseau Jockey dans les Alpes, ce qui lui valut de nombreuses décorations tant françaises qu’étrangères. La guerre terminée, lui aussi partira pour l’Afrique. Accueilli par André Postel-Vinay, ancien directeur de la Caisse Centrale de la France d’Outre-mer, devenue la Caisse Centrale de Coopération Économique en 1959, il occupera des postes de haut fonctionnaire dans une grande partie des anciennes colonies françaises d’Afrique noire.
La saga de la famille Langlois Salomon est complétée par une riche iconographie, ainsi que par de nombreux facsimilé de documents officiels tant français que britanniques. Une telle étude constitue assurément une contribution de grande valeur à l’histoire de ces Français qui entrèrent en résistance au sein d’un service spécial allié, celui de la Grande Bretagne. Grâce à ce livre, leur combat héroïque sort enfin de l’oubli.
Marie-Reine Langlois
par POURCEYREANMMVEU
C’est dans les rangs du SOE (Special Operations Executive, Direction des opérations spéciales), que les Langlois sont entrés dans la Résistance active après avoir quitté Paris pour la zone libre.
Marie-Reine LANGLOIS dite Queen Mary (1921-2014)
Au cours de la guerre 1939-1945, Marie-Reine et sa famille changèrent 13 fois de domicile. A dater d’août 1941, la jeune Marie-Reine réside à Antibes. Toute la famille prend parti contre le régime de Vichy et l’Occupation italienne et c’est son frère Jacques qui la fit entrer dans la Résistance. A la fin de 1942, la famille Langlois est recherchée par la Police de Vichy (Police Judiciaire de Nice et Direction de la Surveillance du Territoire). En conséquence la famille se réinstalla à Arles, puis dans le massif du Queyras à Souliers devenu Château Ville Vieille, puis à Montdauphin et ensuite à Embrun et Briançon.
Au sein de la Résistance en tant que secrétaire, agent de liaison et chiffreuse, son parcours se définit comme suit :
• Octobre 1941 à novembre 1942 : réseau Carte d’André Girard à Antibes
• Novembre 1942 à avril 1943 réseau Spindle de Peter Churchill à Antibes et à Arles
• Avril 1943 à avril 1944 réseau Jockey de Francis Cammaerts dans les Basses et Hautes Alpes
A la fin de la guerre elle a la qualité de chargée de Mission Agent P2 correspondant au grade de sous-lieutenant. Voici l’appréciation portée sur elle par un historien :
« Résistante de la première heure, a servi de courrier et s’est dévouée à faire tous les travaux aussi dangereux qu’ils soient pour l’organisation d’un réseau. Dévouée, calme et pleine de bon sens, son influence a toujours été admirable ». Extrait du mémoire de proposition pour la Médaille de la Résistance par Francis Cammaerts du 11 août 1945.
Pour son engagement dans l’Armée des Ombres, elle est titulaire de la Médaille de la Résistance, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance avec barrette guerre 1939-1945 et de la Légion d’Honneur. Outre ces décorations, elle reçut le Diplôme d’Honneur des Combattants de l’Armée Française 1939-1945. Elle est détentrice de la carte du Combattant et de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance. En 2014, elle est enterrée au cimetière de l’Abadie 2 à Cannes La Bocca.
Gardons tous en mémoire cette importante famille de résistants.
Livre publié : Une famille au service de la France du Second Empire à la cinquième République. (Mémoire du XXème siècle – Série Deuxième Guerre Mondiale – Edition L’Harmattan – par Yves-Michel Langlois)
Cérémonie de remise des Bérets et parrainage de la promotion France Libre des Cadets de L’UNC à Nice
Le 27 octobre 2023